Qiara, start-up française de télésurveillance connectée, annonce sa liquidation judiciaire définitive pour octobre 2025.
- Cessation complète des services le 16 octobre 2025 à minuit après échec du redressement judiciaire
- Fondée en 2020 par Alexis Bidinot (ex-Iliad), surnommée le « Free de la télésurveillance »
- Croissance spectaculaire avec 2,7 millions d’euros de CA en 2024, mais difficultés de financement fatales
- Partenariat Free et soutien de Xavier Niel n’ont pas suffi à sauver l’entreprise
- Aucun dédommagement prévu pour les utilisateurs qui perdent leur investissement et équipements
La liquidation judiciaire de Qiara marque la fin d’une aventure entrepreneuriale prometteuse dans le secteur de la télésurveillance connectée. Cette start-up française, fondée en 2020 par Alexis Bidinot, ancien directeur général délégué du groupe Iliad, avait révolutionné l’approche traditionnelle de la sécurité résidentielle. Surnommée le « Free de la télésurveillance », l’entreprise proposait une offre clé en main sans engagement, combinant matériel connecté et service de surveillance 24h/24. Le 16 octobre 2025 sonnera définitivement le glas de cette aventure, emportant avec elle les espoirs d’investisseurs avisés et les systèmes d’alarme de milliers d’utilisateurs.
Annonce officielle de la liquidation judiciaire
Nous assistons à un dénouement brutal pour les utilisateurs de Qiara qui ont reçu l’annonce officielle de l’arrêt définitif des services. Cette communication, empreinte d’une profonde tristesse selon les termes de l’entreprise, fixe la date fatidique au 16 octobre 2025 à minuit. L’audience décisive du 17 septembre 2025 au Tribunal des Activités Économiques de Paris a scellé le sort de cette start-up innovante.
Les magistrats ont constaté l’absence totale de solution permettant la poursuite de l’activité de Home Labs, la société mère exploitant l’enseigne Qiara. Cette décision judiciaire entraîne la cessation immédiate de tous les services proposés par l’entreprise. Les systèmes d’alarme connectées, le service de télésurveillance 24h/24, 7j/7, ainsi que l’ensemble du support client cesseront définitivement de fonctionner.
L’entreprise a tenté de rassurer ses clients en expliquant que cette liquidation judiciaire ne remet nullement en cause la qualité de ses produits ni la solidité de son modèle économique. Selon le communiqué officiel, des « facteurs extérieurs liés au financement » et indépendants de la volonté de l’équipe dirigeante ont rendu impossible la continuation de l’activité. Cette explication, bien que diplomatique, ne console guère les investisseurs particuliers qui avaient misé sur cette technologie pour sécuriser leur patrimoine immobilier.
Chronologie du redressement judiciaire
Le processus judiciaire avait débuté le 4 juin 2025 avec le placement en redressement judiciaire de Home Labs. Cette procédure représentait alors un dernier espoir pour cette entreprise française de télésurveillance. L’administrateur judiciaire, Maître Aurélia Perdereau de la SELARL THEVENOT PARTNERS, avait immédiatement lancé un appel d’offres pour identifier un éventuel repreneur.
La date limite pour les candidatures de reprise était fixée au 30 juin 2025 à 12h00 précises. Cette échéance serrée témoignait de l’urgence de la situation financière de l’entreprise. Malgré les efforts de l’administrateur judiciaire et l’attractivité potentielle du secteur de la maison connectée, aucun investisseur n’a manifesté d’intérêt concret pour reprendre l’activité.
L’échec de cette recherche de repreneur s’explique probablement par les difficultés inhérentes au marché de la télésurveillance et les investissements massifs nécessaires pour redresser l’entreprise. Les investisseurs potentiels ont sans doute été découragés par la concurrence féroce des opérateurs traditionnels et les coûts d’infrastructure considérables. Cette absence de solution viable a conduit inexorablement vers la liquidation judiciaire prononcée trois mois plus tard.
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Conséquences immédiates pour les utilisateurs
À partir du 16 octobre 2025 à minuit, tous les systèmes Qiara cessent définitivement de fonctionner, plongeant les utilisateurs dans une situation particulièrement frustrante. Cette coupure brutale concerne l’ensemble des équipements : alarmes connectées, caméras de surveillance, détecteurs de mouvement et d’ouverture, sirènes et applications mobiles. Le matériel acheté devient instantanément inutilisable, les serveurs et services nécessaires à son fonctionnement étant définitivement déconnectés.
La suspension des prélèvements automatiques depuis le 19 septembre 2025 constitue un maigre réconfort pour des clients confrontés à la perte totale de leur investissement. Les utilisateurs continuent néanmoins de bénéficier du service jusqu’à la date d’arrêt définitif, une période de grâce qui ne compense pas l’amertume de la situation. Aucun dédommagement n’est prévu dans le cadre de cette procédure de liquidation, conformément au droit des entreprises en difficulté.
Les avis clients témoignent de frustrations importantes face à cette situation. Beaucoup d’utilisateurs expriment leur colère concernant la perte de leur investissement sans aucune compensation financière. Certains propriétaires avaient intégré ces systèmes de sécurité dans leur stratégie globale de protection de leur patrimoine immobilier, notamment pour leurs résidences secondaires destinées à la location. Cette déconvenue illustre parfaitement les risques inhérents aux investissements dans les start-ups technologiques, même les plus prometteuses.
Présentation de l’entreprise et de son fondateur
Alexis Bidinot, le fondateur de Qiara, apportait une crédibilité certaine au projet grâce à son parcours d’ancien directeur général délégué du groupe Iliad. Cette expérience dans l’univers des télécommunications lui avait fourni une compréhension approfondie des enjeux technologiques et commerciaux du secteur connecté. Le lancement de la start-up en 2020 s’inscrivait dans une démarche d’innovation disruptive, visant à démocratiser l’accès à la télésurveillance professionnelle.
Home Labs, la société mère exploitant l’enseigne Qiara, se spécialisait dans la sécurité résidentielle et la télésurveillance connectée. L’entreprise proposait une approche révolutionnaire avec une offre clé en main sans engagement, combinant un pack de sécurité commandé directement en ligne et un service de surveillance disponible 24h/24, 7j/7. Cette formule innovante séduisait particulièrement les propriétaires soucieux d’optimiser la protection de leurs biens immobiliers sans s’engager dans des contrats contraignants.
La philosophie de l’entreprise reposait sur la simplification de l’accès aux technologies de sécurité avancées. Les systèmes d’alarme connectées Qiara intégraient les dernières innovations en matière de capteurs, de communication et d’intelligence artificielle. Cette approche technologique avancée attirait les investisseurs immobiliers recherchant des solutions modernes pour sécuriser leurs acquisitions locatives et optimiser leur rentabilité à long terme.
Performances financières et évolution de l’entreprise
Les performances financières de 2024 témoignaient d’une croissance spectaculaire avec un chiffre d’affaires atteignant 2,7 millions d’euros. Cette progression représentait une multiplication par sept par rapport à l’exercice précédent, démontrant l’attractivité du concept et l’efficacité de l’équipe commerciale. Ces résultats impressionnants avaient de quoi rassurer les investisseurs et les clients sur la viabilité du modèle économique.
L’entreprise employait 19 salariés au moment de sa liquidation, une équipe relativement restreinte compte tenu de l’ampleur des services proposés. Cette structure légère permettait une agilité opérationnelle appréciable mais révélait aussi une certaine fragilité face aux aléas économiques. L’objectif ambitieux d’équiper un million de foyers d’ici cinq ans ne pourra désormais jamais être atteint, marquant l’échec de cette vision expansionniste.
Malgré cette croissance rapide et prometteuse, la rentabilité demeurait insuffisante pour couvrir l’ensemble des coûts dans un contexte économique difficile. Cette situation illustre parfaitement les défis auxquels font face les start-ups technologiques : concilier croissance rapide et équilibre financier durable. Les investisseurs avisés savent que ces entreprises innovantes présentent des opportunités de rendement élevé mais comportent également des risques significatifs de perte totale du capital investi.
Financement et soutien de Xavier Niel
La levée de fonds de 14 millions d’euros réalisée en 2023 avait marqué une étape cruciale dans le développement de Qiara. Xavier Niel, le fondateur emblématique de Free, figurait parmi les investisseurs principaux aux côtés du groupe Iliad. Cette participation financière apportait non seulement les capitaux nécessaires au développement mais aussi une crédibilité commerciale et technologique considérable.
L’engagement de Xavier Niel depuis les débuts de l’entreprise témoignait de sa confiance dans le potentiel disruptif de cette approche de la télésurveillance. Cet investisseur reconnu pour son flair dans l’identification des opportunités technologiques avait perçu l’intérêt stratégique de démocratiser l’accès aux systèmes de sécurité connectés. Son soutien représentait un gage de qualité pour les clients particuliers et les investisseurs immobiliers.
Les « facteurs extérieurs liés au financement » évoqués par Qiara dans son communiqué de liquidation suggèrent des difficultés à lever les fonds complémentaires nécessaires à la poursuite de l’activité. Cette situation révèle la complexité du financement des start-ups technologiques, même lorsqu’elles bénéficient du soutien d’investisseurs prestigieux. Les conditions de marché et les exigences de rentabilité à court terme ont probablement pesé dans cette décision de ne pas poursuivre le financement de l’entreprise.
Partenariat stratégique avec Free
Le partenariat dévoilé en mars 2024 avec Free représentait une opportunité commerciale majeure pour Qiara. Cette collaboration stratégique permettait de proposer les produits de télésurveillance directement aux millions d’abonnés Freebox, offrant un canal de distribution exceptionnel. L’intégration dans l’interface abonnés des Freebox facilitait considérablement le processus de souscription via l’espace client habituel.
Le directeur général de Free avait présenté Qiara comme « le Free de la télésurveillance », soulignant l’analogie avec la philosophie disruptive de l’opérateur. Cette comparaison mettait en avant l’approche innovante et accessible de la start-up dans un secteur traditionnellement dominé par des acteurs établis. Les abonnés Freebox bénéficiaient d’avantages exclusifs, notamment :
- Premier mois offert pour découvrir les services sans engagement
- Réduction de 20% sur l’achat des packs d’équipement de sécurité
- Intégration simplifiée dans l’écosystème Free existant
- Support technique unifié via les canaux habituels de l’opérateur
L’offre Qiara Protect rencontrait un succès tel qu’elle était fréquemment indiquée en rupture de stock sur l’espace abonné Freebox. Cette popularité témoignait de l’adéquation entre l’offre proposée et les attentes des clients Free. La disparition de Qiara rebat désormais les cartes des projets de Free dans le segment de la télésurveillance et de la maison connectée, constituant un impact direct pour les clients Freebox qui avaient choisi ce service pour protéger leur domicile.
Offres tarifaires et équipements proposés
Au début de 2025, Qiara proposait une formule unifiée baptisée Qiara Protect à 19,99 euros par mois sans engagement. Cet abonnement unique incluait la mise à disposition de l’ensemble du matériel nécessaire et tous les services de sécurité associés. Cette approche tout-en-un séduisait particulièrement les investisseurs immobiliers recherchant une solution complète pour sécuriser leurs biens locatifs sans investissement initial important.
L’offre comprenait un équipement complet et moderne adapté aux besoins de la sécurité résidentielle contemporaine. Les composants principaux incluaient une caméra Full HD offrant une qualité d’image professionnelle, une sirène puissante de 105 dB dissuasive, plusieurs détecteurs de mouvement et d’ouverture stratégiquement positionnés. Le système intégrait également un clavier de commande intuitif et une application mobile permettant le contrôle à distance.
La connectivité reposait sur une architecture robuste utilisant le WiFi comme moyen de communication principal, complété par une connexion de secours via le réseau Sigfox en cas de coupure Internet. Cette redondance technique garantissait la continuité du service même en cas de tentative de neutralisation de la connexion principale. Malheureusement, les ruptures de stock fréquentes sur les équipements complémentaires témoignaient des difficultés logistiques rencontrées par l’entreprise, préfigurant peut-être les problèmes financiers à venir.
Problèmes techniques et avis clients
Les retours d’utilisateurs révèlent des problématiques récurrentes qui ont probablement contribué aux difficultés de l’entreprise. Les déclenchements intempestifs des systèmes d’alarme représentaient une source majeure de frustration pour les clients. Ces fausses alertes, particulièrement gênantes pour les propriétaires de résidences secondaires, remettaient en question la fiabilité des capteurs et des algorithmes de détection.
Le service client, pourtant essentiel dans un secteur aussi sensible que la sécurité, souffrait de défaillances importantes. Les utilisateurs rapportaient des difficultés récurrentes pour joindre les équipes techniques, des délais de réponse prolongés et parfois des solutions inadéquates aux problèmes rencontrés. Cette dégradation de la qualité du support témoignait probablement des tensions financières croissantes au sein de l’entreprise.
Les problèmes d’approvisionnement se manifestaient par des ruptures de stock fréquentes sur les équipements complémentaires. Ces difficultés logistiques pénalisaient les clients souhaitant étendre leur installation ou remplacer des éléments défaillants. Pour les investisseurs immobiliers gérant plusieurs propriétés, ces contraintes d’approvisionnement constituaient un frein significatif à l’déploiement de la solution.
- Dysfonctionnements des détecteurs provoquant des alertes non justifiées
- Problèmes de connectivité affectant la transmission des informations
- Interface mobile perfectible selon les retours utilisateurs
- Délais de livraison souvent supérieurs aux annonces initiales
- Configuration complexe pour certains utilisateurs moins technophiles
Malgré ces difficultés opérationnelles, l’entreprise maintenait dans son communiqué de liquidation que ces problèmes ne remettaient pas en cause la qualité fondamentale de ses produits ni la solidité de son modèle économique. Le support technique et client reste joignable jusqu’au 16 octobre 2025, mais dans la limite des moyens actuels de l’entreprise en liquidation. Cette situation illustre parfaitement les aléas auxquels s’exposent les investisseurs dans l’écosystème des start-ups technologiques françaises.